Il n’est même pas nécessaire de remonter 15 ans en arrière pour constater qu’à cette époque, l’uniformité des footballeurs était totale : mêmes couleurs de crampons, même façon de s’habiller, mêmes accessoires…
Aujourd’hui, la tendance est à la personnalisation. Quand nous parlons avec un gardien pour lui proposer des gants, l’un des aspects qui le préoccupent le plus (parfois même plus que la qualité du produit), ce sont les options de personnalisation de son équipement.
Crampons et gants aux couleurs exclusives (d’où le succès de programmes comme miadidas ou NikeID), accessoires assortis et bien visibles… Et parfois, un peu moins visibles.
C’est pourquoi la dernière tendance est la personnalisation des protège-tibias. À partir de la photo de Roberto et Cristiano Ronaldo lors du match Real Madrid–Grenade ce week-end, nous avons pu voir la personnalisation originale que CR7 utilise pour ses protège-tibias :
Si l’on regarde de plus près, on remarque que le protège-tibia porte ses fameuses initiales CR, son numéro 7 intégré dans les lettres, et un détail qui a particulièrement attiré notre attention : sa silhouette entre les deux lettres !
Cristiano est-il le seul joueur à personnaliser ses protège-tibias ? Loin de là.
Il faut d’abord préciser que pratiquement 100 % des joueurs professionnels utilisent des protège-tibias en fibre de carbone, fabriqués sur mesure. La fibre de carbone est un matériau très léger et, grâce à sa structure particulière faite de fibres entrelacées, elle répartit le poids de manière optimale, offrant une résistance et une absorption des chocs bien supérieures à tout autre matériau.
Une fois fabriqué, le protège-tibia en fibre de carbone restait visuellement assez "nu", d’où la naissance de la tendance à le personnaliser. Et le fait que les protège-tibias soient cachés a encouragé de nombreux joueurs à se lâcher davantage sur le design.
Prenons par exemple ceux réalisés pour Roberto Fernández, le gardien de Grenade CF qui apparaît sur la photo avec Cristiano Ronaldo :
Les designs peuvent être très simples, comme celui choisi par David Villa (FC Barcelona) :
Ou bien très élaborés, comme ce modèle anonyme trouvé sur Internet :
Une autre option est le design sobre et élégant. Dans ce registre, celui que j’ai préféré est celui choisi par Cristian Tello (FC Barcelona) :
Le protège-tibia peut aussi servir à montrer son attachement à un club, comme Leo Messi (FC Barcelona), un joueur qu’on ne peut imaginer porter un autre maillot. Reste à savoir si sa plaque est bien en fibre de carbone… Si je devais parier, je dirais que Leo a choisi un autre matériau.
Un autre joueur qui affichait son engagement envers son club sur ses protège-tibias était Apoño (ex-Real Zaragoza), mais la situation délicate du club aragonais l’a poussé à se faire faire de nouveaux protège-tibias cette année :
Tous les joueurs ne choisissent pas forcément la technologie la plus récente pour leurs protège-tibias. Combien de fois a-t-on vu des coéquipiers avec des protège-tibias vieux de 10 ou 15 ans ? Cela existe aussi chez les professionnels. Il suffit de demander à Frank Lampard (Chelsea FC), avec les protège-tibias avec lesquels il a remporté la Ligue des Champions en 2012 :
Connaître les protège-tibias des footballeurs, c’est découvrir de nombreux détails intéressants. Par exemple, tout le monde sait que Iker Muniaín (Athletic Club) est surnommé Bart Simpson, mais on ne savait pas qu’il acceptait aussi bien la comparaison avec le personnage de dessin animé :
Autre protège-tibia original : celui du Kun Agüero (Manchester City), qui porte le nom de son fils, le drapeau argentin, et un dessin d’Olivier Atton. Je compatis avec le Kun : Olivier, Benji, Mark Landers et compagnie ont été des références pour nous, enfants des années 90.
Les motifs religieux sont également fréquents. Il est toutefois surprenant de voir le choix de Mario Suárez (Atlético de Madrid), qui a mis sur ses protège-tibias la figure de Josemaría Escrivá de Balaguer, le fondateur de l’Opus Dei :
Des joueurs célèbres pour ne pas porter de protège-tibias comme Rafa Gordillo trouvent aussi leur équivalent aujourd’hui. John Terry (Chelsea FC), probablement peu à l’aise avec ce type d’équipement, a choisi un modèle ultra-réduit pour respecter le règlement tout en étant le moins gêné possible.
Vous pensez que c’est un montage ? Pas du tout. Voici une capture tirée d’un match, directement à la télévision, où l’on voit clairement Terry et ses mini-protège-tibias :
Et bien sûr, moi aussi j’ai décidé de personnaliser mes protège-tibias en fibre de carbone. À 32 ans, on m’appelle souvent "le vieux" sur les terrains. Mais tout le monde sait que ce sont les vieilles poules qui font la meilleure soupe, n’est-ce pas ?
Pedro Mayo (CD Brea)